Némo bâilla à s'en décrocher la mâchoire.
Le petit vaisseau rond et noir filait de plus en plus vite dans l'espace. Pourtant, il avait l'impression de faire du sur-place. Séparé du chauffeur par une vitre, le conducteur n'entendait rien de ce que faisait Némo. Et vice-versa. Il ne pouvait donc jamais demander dans combien de temps ils arrivaient.
Il regarda sa montre. Sept heures et six minutes. Beaucoup trop tôt.
Il augmenta le volume de son MP660 (la toute nouvelle version, celle qui venait de sortir) bleu marine, de taille rectangulaire. Il commença à chantonner d'une voix traînante. Sa tête appuyée contre la vitre, il regardait défiler le paysage. Même s'il n'y avait pas grand-chose à voir. Il apercevait quelques comètes à l'occasion, mais jamais de vaisseaux. Sûrement le signe qu'ils approchaient ce trou paumé qu'était le pensionnat McCollins.
A la simple pensée de ce nom, il sourit. Là, il y avait Yan (ah, il était tombé dans le piège, l'imbécile), Tsu (elle n'avait sûrement pas fait grand-chose dans l'histoire, mais elle était sympathique), D.V. (c'était qu'un imbécile, mais il l'aimait bien !), Karasu (qui était, elle, une empaffée de première), et la nouvelle (qui n'avait pas l'air très prometteuse, mais c'était mieux que rien). Il soupira, un peu content tout de même de quitter son train-train quotidien au Centre. Il s'assoupit, joue collée sur la vitre glacée du petit vaisseau du Centre.

Il me regarda de haut, comme si il voulait me prouver qu'il n'avait pas peur de moi. Ses prunelles glacées le trahissaient pourtant. Il avait quelque chose à me cacher, et ne voulait pas me le dire. Sans que je puisse l'expliquer, je fus pris de l'envie soudaine de le tuer. Mes doigts effleurèrent la lame du couteau, et chassais cette idée d'un mouvement de tête. Pas encore. Il avait des choses à me dire. Il tendit les mains en avant, son sourire devenant de plus en plus large. D'abord, je ne compris pas son geste. Ce n'est que lorsque je me mis à détailler ses doigts que je compris.

Némo se réveilla en sursaut. En quelques semaines, c'était la deuxième fois qu'il rêvait de cette scène. Il se massa le front, se demandant ce qui clochait. Etait-il à proximité ? Y avait-il un rapport ? Un horrible pressentiment lui noua le ventre.
Soudain, l'appareil s'arrêta. Le chauffeur fit signe à Némo de descendre, et il obtempéra avec un sourire et un geste de la main. Il se retrouva à quelques mètres du pensionnat, s'avança vers lui, serrant dans sa main son énorme sac.
Némo frissonna. Il avait rarement eu aussi froid. Sur Neptune, il faisait presque toujours chaud. Il enfila son blouson en jean. Sur la manche, une croix en acier était fixée. Némo marcha jusqu'à la porte et la poussa.

Némo n'avait même pas eu le temps de voir la balle de tennis arriver sur lui. Son corps avait réagi tout seul et bloqué la balle à quelques centimètres de son nez. Il regarda la balle avec un air éteint, la tourna en la détaillant. Une balle jaune, normale, quoi. Il eu un petit sourire, et dirigea ses yeux vers la masse de cheveux qui se tenait devant lui. Il la lui renvoya en disant :

- Fais attention ! Si tu continues, tu vas perdre ta balle. T'as de la chance que je sois pas un humain sous-développé comme les gens normaux, et que j'ai arrêté la balle, sinon, elle serait tombée dehors. Mais bon, assez parlé, je m'appelle Némo, et toi ?

Ses cheveux rétrécir afin que l'en puisse voir son visage.
Elle ramassa la balle a ses piedq et la glissa dans sa poche,
puis elle jeta la raquette sur un canapé voisin.

-Oui, s'cuse moi...D'habitude ya jamais personne qui passe par la,
alors on peut y faire ce qu'on veut...
Bref, Moi c'est Jena.

Il sourit d'un air compréhensif.

- Jena ? Pas commun, comme prénom ! C'est quelle origine ?

Il regarda la raquette de tennis d'un air joyeux et intéressé (il avait déjà vu des balles, on les utilisaient toujours, mais des raquettes, ça, très peu !). Il détailla un peu le hall. Décrépit, peu avenant. Un escalier quasiment en ruine au fond. De la poussière. Un lustre qui n'éclairait plus rien. Il lâcha un soupir. Comment Yan avait-il pu rester trois mois là-dedans ? Comment avait-il supporté ce genre de bâtiments ? Maintenant, il comprenait le fait qu'il soit toujours sur les nerfs -Alice l'avait appelé, et il lui avait crié dessus ! A Alice, rendez-vous compte !

- Américain ? 1492 ? Euh, excuse, je dis n'importe quoi... Magyk ? C'est quoi ce truc abstrait ? Un film ?

Némo plissa les yeux, re-jeta un coup d'œil à la raquette, puis à Jena. Il essaya de regarder par la porte que la jeune fille avait ouverte sans bouger de sa place. Résultat : il se tortillait pour ne réussir à rien. Il grogna, croisa les bras, attendant qu'elle revienne. Il enfonça son bonnet sur sa tête.

- Euh... Par pure indiscrétion : tu fais quoi ? ca commence à faire un moment... Eh oh ! Jeeeeeeena ? T'es là ?

Némo en leva son bonnet, et sourit lorsque Jena ressortit avec deux raquettes... Il examina la raquette, qui avait l'air de plutôt bonne qualité. Il éclata de rire, et répondit :

- Je préfère le base-ball, mais, ouais, pourquoi pas ! Après, je suis pas très douée, je promets rien... De toute façon, je perds tout le temps à ce jeu. Mes amis ils sont trop forts, c'est décourageant. J'accepte volontiers ta proposition, Jena !

-Yeah !
Ils commencerent donc, une sorte de pelote basque, mais plus bizarre.
Au début, c'est Jena qui gagnait, 2 ou 3 point, puis Némo pris l'habitude,
Et commençait a rattraper son retard.
Il firent une pause gouter, (parce que c'est vrai, ça creuse XD)
avec des gateaux qui était sur des tables basses.
-Dis, t'était déja venu ici ?

Némo s'amusait bien. La raquette était moins lourde que la batte, il pouvait jouer plus facilement. Bon, il fallait l'avouer ; il n'était pas le champion du monde. Lorsque vint l'heure du "gâteau time", comme disait sa sœur, il prit la balle, et commença à la faire rebondir sur le plancher. A un moment, il renvoya la balle trop fort. Un gros "crac" se fit entendre. Le petit objet jaune avait traversé le parquet, et était tombé dans le sous-sol... Il répondit, tout en regardant par le trou :

- Euh, non... Non, pourquoi ?

-Nan, j'sais pas, comme ça...
Parce que je suis entourer de nouveaux cette année...
Elle regarda le trou...
*Pas malin ce gars*, pensa t-elle...M'enfin, y'avais
que la cave en dessous, rien de bien grave...

Némo regarda Jena, d'abord avec un air suspicieux. Des nouveaux ? Alors que le pensionnat avait fermé depuis un millénaire ? C'était clair, cette fille était étrange... Il réfléchit un instant, ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes. il fixa Jena, éberlué.

- Mais, dis... T'as quel âge ?

Peut-être avait-elle fait un saut dans le temps, ou quelque chose comme ça. Ou même une hibernation, même si c'était complètement anormal. Personne ne pouvait manger assez dans sa vie pour pouvoir rester sans bouger milles ans...

-Haha, je peut te dire que je suis la plus vieille des élèves !
A vue d'oeil, je suis plus vieille que toi...Profite bien de ta
jeunesse hein...
C'est vrai quoi, elle, elle n'avais fait que des betises.C'était
pas si ennuyeux, mais elle a quand meme gaché sa scolarité.
-J'ai...19 ans

Némo regarda Jena avec un air interrogatif (elle avait honte de dire son âge, ou quoi ?) tout en croquant dans une pomme.

- Bah, tu sais, je connais un type qui a redoublé trois fois la sixième, mais c'est un type super intelligent, juste un peu trop flemmard... Remarque, d'où je viens, les diplômes ont peu d'importance.

Il regarda encore une fois par le trou, un peu inquiet. Il entendait la balle rebondir : il l'avait lancée à pleine vitesse.

- Ah ouais, pas cool... C'est bête, c'est vrai.

Il écouta encore un peu la balle rebondir en mâchant son morceau de pain. Il soupira, puis fit :

- Naan, la flemme... Ça fait mal, les balles lancées à pleine vitesse dans la tronche, c'est pas génial... Mes sœurs me faisaient ça, quand je voulais pas me lever, ou alors elles me frappaient avec des battes de base-ball. Ça fait mal, j'te jure... Une fois, elles m'ont balancé le grille-pain dans la figure, et, le dernier coup, c'était même un toast plein de beurre. Elle me l'ont fourré dans la bouche, j'ai fait que vomir jusqu'au midi. En plus c'était le printemps, donc j'avais la grippe. Horrible.

- Hum... Remarque, moi, je vivais au milieu de Neptune, alors, tu sais, je commençais à connaître tout le monde... On est un truc style quelques p'tites centaines de personnes, alors t'as vite fait le tour... Alors bon, on a quasiment aucun moyen de se barrer, vu qu'on est paumés, dans un coin où le réseau passe à peine... Tout le monde se retrouve pour tout, et on organise plein d'activité. En plus, c'est vraiment sympa, pas besoin d'avoir une famille... De lundi à vendredi, c'est l'école, sauf le mercredi après-midi où t'es à peu près tranquille, sauf si t'as des heures de colle - honte à moi, j'y allais toutes les semaines - puis samedi matin, on se lève à sept heure, et à huit heure, pan, chasse au requin... Tous ceux qui ont entre six et trente participent, on va par équipe dont on choisit le nombre, et ceux qui rapportent le plus de proies gagne, la récompense varie selon le score. Dimanche, on fait ce qu'on veut, mais on se retrouve surtout entre copain pour aller chercher le requin - on a même vu un cachalot une fois. Alors tu sais, si j'étais orphelin, ça changerai pas grand-chose...

- Waouh ! Je t'envie presque... Moi, quand je glandouillais, Nina - ma sœur aînée - nous bottait le cul pour qu'on dégage de la maison. Elle détestait qu'on traîne. En fait, la maison est toute petite, c'est à peine s'y on arrive à s'y tenir. En plus, September elle arrête pas de faire la conne, elle saute partout, un vrai Tigrou, c'te fille...

Il rit franchement, alors qu'il entendait encore la balle rebondir avec encore plus de violence sur les murs. C'était bizarre, quand même. Il avait envoyé si fort la balle ? C'était plutôt étrange...

Némo se pencha, mais il ne voyait rien : le trou était beaucoup trop petit. Il s'approcha encore... Et se reçut la balle en plein œil. Il gémit, et essaya de regarder où elle était partie. Elle traversait la pièce à toute allure, et il avait du mal à la suivre. Par réflexe, il saisit sa raquette. A peine se fut-il relevé que la balle revenait vers lui. Il frappa un grand coup dedans, et elle continau de rebondir...

- Prends une raquette, ça fait vraiment mal, c'est petit machins... Encore quelques kilomètres/heure et tu vas voir qu'elle va tout faire flamber, si c'est pas trop humide.